Architecture : Grands Principes de la Maison Traditionnelle Japonaise
Ici, pas de fenêtre ni de porte. Les pièces sont collées les unes aux autres et changent de fonction à volonté ! Cette flexibilité de l’espace réside dans la conception même de ce « vide » organisé hiérarchiquement du quotidien vers le sacré. Un peu de poésie dans ce monde de brutes, suivez le guide !
Flexibilité totale
Ce n’est pas la pièce qui décide de qui fait quoi, mais l’objet. Les espaces sont neutres et de tailles variées. Posez-y un coussin, il devient un salon. Un futon, il devient une chambre !
Toute la journée, les meubles, peu nombreux, bougent selon les besoins. Même les panneaux de bois recouverts de papier ne sont pas fixes. Ils coulissent, se remplacent ou se retirent simplement.
Des tatamis
Une personne allongée se matérialise par un rectangle d’environ 190 x 90 cm selon les régions. De cette constatation est née l’unité de mesure nationale : le tatami. On ne parlera pas de mètre carré mais de pièce de six, huit, dix… tatamis. On peut choisir de les installer dans les deux sens, ou parallèlement.
Traditionnellement, le tatami est fait de couches de paille de riz superposées et compressées puis recouvertes d’une paille tissée. Il constitue aussi une toile de fond pour l’ambiance d’ombre et de lumière de ces maisons.
Des zones tampon
Galerie, véranda, couloir… l’engawa, littéralement « bord côté », est difficile à caractériser. Il joue le rôle d’isolant et de transition entre l’intérieur et l’extérieur, mais aussi de lieu de détente ou de méditation. Cette galerie qui entoure la maison peut aussi se trouver à l’intérieur, entourant un patio. Elle est prolongée par un auvent ou noki qui protège du soleil et de la pluie.
Des constructions décollées du sol
Se séparer sans se couper de la nature. La maison ancestrale est surélevée de deux marches. Le vide résiduel permet la circulation de l’air et rafraîchit l’habitation. Deux poteaux centraux ancrés dans le sol assurent la stabilité latérale de la bâtisse. Le reste de la structure est simplement posé sur de grosses pierres. Ainsi, en cas de tremblement de terre, la maison bouge mais ne tombe pas.
Une cour intérieure
Entrer, sortir puis entrer de nouveau… Les maisons traditionnelles alternaient intérieurs et extérieurs pour isoler les espaces les uns des autres. La cour intérieure, souvent en terre battue, séparait la partie publique de l’habitation privée. Cet espace de transition permet de vivre avec les saisons. Qu’il pleuve ou que le soleil brille, les Japonais cherchent à rester connectés aux éléments.
Le jardin
Le nihon teien ou jardin japonais est une mise en scène de la nature à échelle réduite. Une composition travaillée pour recréer le caractère vivant du monde. Simplicité et temporalité sont à la base du concept de la beauté zen. En Europe, nous envisageons le paysage à 360°. Au Japon, il n’est pas nécessaire de le pratiquer physiquement. La seule présence du jardin invite à la contemplation. Est-ce dû aux caprices de Dame Nature qui épargne rarement l’archipel ? Les Japonais intègrent des microcosmes dans leur maison avec une distance respectueuse et une admiration sans borne.
Une nature omniprésente
Le végétal fait partie intégrante du quotidien nippon. S’en couper serait un crime. Les jardins intérieurs font partie de cette culture ancestrale et restent importants pour la jeune génération. Aujourd’hui, même si l’espace se réduit, les Japonais ne sacrifient pas ce lien à la nature. Comme des tableaux vivants, la nature s’infiltre dans les intérieurs, une invitation à la lenteur dans un monde en accélération.
L’éloge de la pénombre
Et si nous changions notre vision de l’ombre ? Finie la peur du noir, des fantômes ! Au Japon, cet « entre-deux » qui laisse discerner sans voir vraiment est travaillé comme un art. Il ne s’agit pas de pièces sombres, mais d’une apologie de la variation, un clair-obscur d’une maîtrise rarement égalée. Tout est question de dosage. L’architecte, dans la plus pure tradition japonaise, se munit de parois opaques, translucides, transparentes, striées et sculpte l’ombre mouvante.
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